De l'animation mecha bien rétro
Il est des occasions comme ça où soudainement, un éditeur japonais a envie de publier une partie de son catalogue de manière totalement officielle sur une plateforme accessible au plus grand nombre.
C’est ainsi que depuis quelques temps, Toei a publié sur une chaîne Youtube des épisodes de diverses séries animées de mechas mais aussi de séries live de tokusatsu. Hélas un petit regret, seuls les deux premiers épisodes ont un sous titrage anglais proposé par l’éditeur. Le reste est en VO pure.
Il s’avère que depuis quelques années, l’animation japonaise ne m’intéresse plus. Ayant toujours été un gros fan de mecha ou de séries SF, je ne m’y retrouve plus. C’est la vache maigre, les quelques séries du genre à apparaître ne me donnent pas envie à cause d’une esthétique trop alimentaire /standardisée ou d’une 3D toujours aussi cancéreuse malgré les années passées. C’est donc avec un certain brin de nostalgie complètement biaisée que j’ai eu un certain plaisir à découvrir des séries des années 70/80 que je n’avais jamais eu l’occasion de regarder en dehors des génériques.
Alors certes, les séries TV de super robot de cette époque sont de la pure production industrialisée. Les épisodes suivent le classique schéma du gros-monstre-de-la-semaine-que-le-robot-des-gentils-éclate accompagné de scènes mélangeant tranche de vie des gentils et méchants qui se font taper par chef des méchants parce qu’ils échouent tout le temps. Oui clairement, c’était pas de la haute littérature, mais ça faisait le taff.
Le scénario est géré par un template avec des éléments aléatoires permettant d’obtenir une nouvelle série tout en gardant la même purée et continuer de vendre des jouets à des mioches.
Ainsi le template serait le suivant :
- Le Japon dans un contexte:
- contemporain
- futuriste
- [insérez le nom d’une espèce extra terrestre belliqueuse] veut envahir la Terre car :
- Ils la trouvent jolie (oui oui)
- Veulent l’énergie Machin développée par le Professeur Truc
- Sont en pleine conquête de l’Univers, la Terre est la prochaine cible
- Recherchent une nouvelle planète d’accueil mais n’aiment pas leurs occupants
- Sont simplement des connards
- mais heureusement un groupe de jeunes héros
- Orphelins de l’invasion des aliens
- Prodiges dans une discipline donnée
- Entraînés depuis leur enfance par un visionnaire
- Sont tombés au bon endroit au bon moment
- se dressent contre l’envahisseur aux commandes de leur super robot invincible [insérez nom d’un mecha cool ici]
- ils sont aidés par le Professeur __________ possèdant la technologie et les armes nécessaires dans son laboratoire scientifique (la science c’est dangereux bitches) pour repousser l’envahisseur.
Cela dit, il y avait déjà pas mal de dissidence au beau milieu de cette mécanique rodée pour l’époque. Parmi le lot de séries standard, certaines tentaient d’avoir un peu plus de profondeur au niveau du scénario ou de ses personnages. Hélas, ces séries s’adressant souvent à un jeune public, cela ne va pas non plus très loin. Il s’agira principalement de drama assez bateau sur lesquels les scénaristes vont parfois chercher à trop en faire donnant un résultat parfois contre productif.
Passons tout de même en revue les quelques séries proposées par Toei, sans classement particulier.
Lightspeed Electronic Albegas (Kōsoku Denjin Arubegasu)
Série diffusée originalement entre 1983 et 1984 pour un total de 45 épisodes, elle raconte l’histoire de trois étudiants (Daisaku, Tetsuya et Hotaru) d’une école de robotique extrêmement doués qui ont chacun construit un robot géant pour le concours de leur école. Mais à ce moment là, une civilisation extraterrestre malfaisante, les Derinja, attaquent la Terre en vue de la conquérir. Les trois jeunes n’écouteront que leur courage et se lanceront à la bataille avec leurs robots mais seront vites défaits car ils n’ont jamais été construits pour le combat.
C’est alors qu’ils bénéficieront de l’aide du professeur Mizuki, le père d’Hotaru, qui modifiera leurs machines en les améliorant pour le combat et leur donnant la capacité de s’assembler pour former un robot ultime : Albegas. Les trois robots peuvent s’assembler selon 6 combinaisons différentes pour répondre à des rôles particuliers.
Les deux premiers épisodes de cette série étaient plutôt bien réalisés, mais par contre très longs à démarrer. Habituellement, ces séries ont tendance à vite amorcer le schéma traditionnel avec un méchant hebdomadaire à zigouiller, là l’introduction est un poil plus longue. Les personnages sont les têtes brûlées habituelles de ce genre de série avec le drama qui s’en suit. A la base la série devait s’inscrire dans l’univers de la franchise américaine Voltron (qui est une adaptation d’animés de mechas, comme Robotech qui est un mix de Macross et deux autres séries), mais le projet fut abandonné à cause de la forte popularité de la série GoLion qui a composé le premier arc de Voltron face aux suivants.
Combattler V (Super Electromagnetic Robot Com-Battler V)
Série sortie entre 1976 et 1977 pour un total de 54 épisodes, elle est le fruit d’une production Toei et d’une animation du studio Sunrise (celui qui produira Gundam 2 ans après) et fait partie d’une trilogie appelée “Robot romance trilogy”.
Plusieurs milliers d’années avant notre ère, les habitants de la planète Campbell (aucun lien avec le Clan et sa boisson) se sont lancés à la recherche d’une nouvelle planète. L’un des groupes dirigé par Oreana a atterri sur Terre mais leur mission a pris un fort retard. Son groupe se réactive alors au 21ème siècle pour lancer une conquête de la planète grâce à des armes biomécaniques géantes.
Avec cette menace grandissante, le docteur Nanbara a mis au point un super robot composé de 5 véhicules et piloté par autant de jeunes talents pour lutter contre cet envahisseur.
Combattler V est une série qui a été fortement inspirée par Getter Robo, la première à avoir proposé le concept de véhicules qui s’assemblent pour former un robot géant. La série suit le schéma classique du méchant de la semaine avec un peu de drama entre les personnages. Elle a cependant un niveau de violence assez élevé car les antagonistes n’hésitent pas à faire des prises d’otages et faire de la destruction aveugle. Elle se suit globalement bien. Le nom du mécha est un mot portemanteau composé de “Combine”, “Combat” et Battle".
Il s’agit de la seule série à être allée plus loin que deux épisodes et une trentaine est disponible au moment où ce billet est rédigé. J’aurai surement l’occasion d’en reparler dans un article dédié une fois la série achevée.
Voltes V (Chōdenji Mashīn Borutesu Faibu)
Diffusée originalement entre 1977 et 1978, Voltes V est la deuxième série à rentrer dans la trilogie “Robot romance trilogy” inaugurée par Combattler V. Si elle n’a pas eu la même popularité que Combattler V au Japon, elle a rencontré un meilleur accueil à l’international. La série s’est entre autres inspirée de la révolution française pour son contexte car elle utilise beaucoup la notion de rébellion et de classe sociale, mais elle ajoute aussi une thématique sur la ségrégation raciale.
La planète Boazan est un monde dans lequel le système social est extrêmement séparé entre les nobles dirigeants et la classe ouvrière proche de l’esclavage. Le prince Heinell à la tête de cet société est également épris d’une forte volonté de conquérir toutes les planètes à sa portée. Son dévolu fini donc par se porter sur la Terre.
Cependant, sur Terre, une fratrie de deux frères et une soeur sont entraînés depuis leur plus jeune âge car leur père avait prédit dix ans plus tôt l’arrivée de Boazan (celui-ci étant en fait un ressortissant de leur monde). Accompagnés de deux autres talentueux prodiges, ils défendront la Terre avec Voltes V, un robot géant sur puissant tenu secret depuis tout ce temps.
Globalement, Voltes V s’inscrit complètement dans le même style que Combattler V avec les mêmes stéréotypes de personnages et le mecha basé sur le même principe des 5 unités qui s’assemblent en un puissant robot. Et quand on voit l’illustration de la série, il est difficile de faire une différence tant elles sont proches ! Devant à être à l’origine une suite de Combattler V, la série est finalement devenue autonome en s’inscrivant simplement dans la trilogie “Robot romance”.
Daimos (Tōshō Daimosu)
La troisième et dernière série de la “Robot Romance Trilogy”, elle a été diffusée pour la première fois entre 1978 et 1979 pour 44 épisodes. Le contexte de base de la série change un peu car la guerre d’invasion extraterrestre fut précédée par une tentative de négociation pacifique qui a mal tourné. La série se passe dans un contexte futuriste dans lequel les personnages principaux reviennent d’un voyage spatial.
Après la destruction de leur planète d’origine, le peuple Baam s’est dirigé vers la Terre et a entamé des négociations en vu de pouvoir obtenir un espace pour s’y installer. Cependant, durant les négociations, leur dirigeant Baam-seijin est mystérieusement assassiné. La délégation terrestre est tenue pour responsable et celle-ci se fait anéantir par les Baam, incluant le Docteur Isamu Ryuzaki qui était le représentant de la Terre. Peu de temps après, les Baam lancent alors une campagne de terreur sur Terre en vue de conquérir la planète par la force. Revenus de leur voyage spatial, Kazyuka (le fils du Docteur Ryuzaki) accompagné de son ami Kyoushirou, sont pris dans la tourmente et se verront mis aux commandes de Daimos, un super robot piloté grâce aux techniques de karate de Kazuya.
La série commençait de façon très classique mais a rapidement distillé ses petits détails. Ainsi, l’assassinat du chef des Baam est un complot de son second en vue de prendre le pouvoir. On y retrouve également un élément qui est un classique, à savoir la fille de l’ancien leader des Baam qui fini par errer sur Terre et rencontrer Kazuya, créant une histoire d’amour entre les deux camps ennemis qui se découvriront l’un l’autre. Le mecha star, Daimos, apporte son lot d’originalité en utilisant un système de pilotage par reconnaissance de mouvements, chose peu répandue à cette époque.
God Sigma (Uchū Taitei Goddo Shiguma)
God Sigma est une série animée de 50 épisodes diffusée entre 1980 et 1981. Elle se place dans un contexte futuriste où l’humanité a colonisé une partie de son système solaire et se bat contre une espèce alien venue du futur.
La série se passe en 2050, où l’humanité s’est devellopée dans l’espace. Cependant, la planète est soudainement attaquée par les Eldar, une civilisation extraterrestre venue du futur (2300) dont la planète fut envahie par la Terre armée d’une technologie appelée Trinity Energy à la puissance dévastatrice. Leur objectif est de voler l’énergie Trinity et de la retourner contre les terriens.
Les Eldar attaquent d’abord la colonie humaine située sur Io, lune de Jupiter. Ils arrivent ensuite sur Terre et attaquent Trinity City, là où se trouve le coeur de développement de l’énergie Trinity. Toshiya et ses amis y seront avec le God Sigma pour défendre la Terre et reprendre possession de Io.
L’histoire de la série n’est pas banale du tout. Elle inverse un peu les rôles en amenant une entité alien sur la défensive après s’être faite attaquer par les humains dans le futur. Hélas, les premiers épisodes disponibles sont immondes. C’est horriblement lent à démarrer si bien qu’elle aura eu besoin de deux épisodes pour tuer son méchant hebdomadaire. Ces deux épisodes ont voulu faire trop de drama et de scénario. Pour enfoncer le clou, elle dispose de l’habituel “comic relief” de ces séries en la personne d’une fille à papa pourrie gâtée qu’il faut d’urgence jeter dans un bûcher. Bref, ça ne donnait pas envie de faire la suite.
Daltanious (Mirai Robo Darutaniasu)
Série de 47 épisodes diffusée entre 1979 et 1980, elle se déroule sur une Terre en mode post apocalypse à la suite d’une invasion extraterrestre.
La Terre a été conquise par l’Empire Zaar en 1995. Toutes les grandes cités terrestres ont été détruites et depuis les survivants vivent dans des bidonvilles et villages. Kento est un orphelin de guerre et vole des ressources aux autres avec l’aide de ses amis pour survivre. Cependant, ils finissent par se faire attraper et fuient alors les villageois en colère. Ils tomberont dans une grotte où ils trouveront un vaisseau extraterrestre enfoui et feront la connaissance du Docteur Earl, de la planète Helios. Cette planète fut précédemment conquise par Zaar et il a fuit pour se retrouver sur Terre. Il confiera alors à Kento, qui s’avère être un descendant de la famille royale d’Helios, leur bijou technologique, le robot Atlas qui, combiné au lion robot intelligent Beralios et au vaisseau Gumper forme Daltanious, un puissance robot géant. Il confiera alors à Kento la tâche de reconquérir la Terre.
La série a été influencée par Voltes V et Combattler V, ce qui fait qu’on y retrouve quelques similarités dans ces deux premiers épisodes. Hélas, on n’aura pas vu le super robot car le lion Beralios était alors le MacGuffin de service et n’apparaissait pas encore. Daltanious est nommée d’après D’Artagnan des Trois Mousquetaires. Sa principale innovation est qu’elle est la première série dans laquelle le mecha est issu d’un assemblage avec un mecha animal, et arborrant une tête de lion. Ce détail visuel deviendra la signature des séries du genre Yuusha qui feront les choux gras de Sunrise durant les années 90 avec leur apogée, YuushaOh GaoGaiGar. (qui est une série géniale, à voir avec ses OVA !)
Laserion (Bideo Senshi Rezarion)
Série de 45 épisodes sortie entre 1984 et 1985 (probablement la moins vieille du lot), elle était dans le délire high tech qui fleurissait dans cette période.
L’histoire se situe dans le futur où un gouvernement mondial fait l’objet d’un conflit avec un groupe de rébellion. Le jeune Takashi Katori est un fan de jeux vidéo et a développé avec ses amis un jeu en ligne de combat de mechas. Ils y jouent via un satellite permettant de communiquer entre le Japon et les USA. Cependant, un événement inattendu se produira lorsqu’une expérience scientifique de téléportation de matière utilisant le même satellite sera perturbée par une attaque terroriste sur la Lune. Il en résultera la dématérialisation de l’avion qui a servi de sujet de test à la téléportation et qui réapparaitra dans le jeu de Takashi. Et inversement, son mecha Laserion se matérialisera alors dans le monde réel. Takashi et ses amis sont retrouvés et arrêtés par le gouvernement qui décidera de les employer pour lutter contre la rébellion originaire de la colonie lunaire.
Je n’ai pas grand chose à dire dessus, la série ne m’a vraiment pas emballé il faut dire. Le Laserion est un mecha au design chelou et piloté en lignes de commandes, il faut reconnaître que ce n’est pas banal non plus.
Guy Slugger / Gaislugger (Hyoga Senshi Gaisuragaa)
Cette série n’est pas du mecha, mais de la SF. Elle fait aussi partie des séries dont la Toei a diffusé les deux premiers épisodes et qui ont ainsi piqué ma curiosité.
L’histoire se passe à une époque contemporaire où un scientifique en expédition dans l’Antarctique est soudainement attaqué par un OVNI appartenant à des extraterrestres cherchant à conquérir la Terre. Durant sa fuite, il découvrira et réveillera une équipe de cinq guerriers cyborgs restés en hibernation depuis 30 millénaires (oui oui), époque où l’Antarctique était un florissant continent où se trouvait l’Empire Solon, depuis disparu. De nouveau aux affaires, l’équipe de héros devra de nouveau combattre son ennemi juré.
La série date de 1977, pourtant on a l’impression de voir un animé du début 70 / fin années 60. Le style graphique est similaire à celui des séries de Tezuka comme Cyborg 009 par exemple. Après, les deux épisodes proposés sont mous du genou. C’est un album photo de clichés standard avec une équipe bien stéréotypée comme il faut, des méchants idiots à la peau verte et ayant des pointes. Les combats se résument à l’équipe qui virvolte aux commandes de son puissant vaisseau armé d’un presse agrumes et finissent par aborder le vaisseau ennemi pour le détruire ensuite. A noter qu’elle ne fait qu’une vingtaine d’épisodes, ce qui est deux fois moins que la moyenne des séries citées ici.
Avis et conclusion
Cette brochette de séries déclenche une vision biaisée par la nostalgie. Il s’agissait de séries animées souvent très simplistes (le but était de vendre des jouets à des marmots, faut pas se voiler la face) à la production industrielle basées sur les mêmes templates, mais il s’avère que j’ai trouvé ça rafraichissant. Par contre, leur production en série fait qu’on s’en lasse vite. Je continue Combattler V au rythme des deux épisodes publiés chaque semaine, mais je ne regarde la série que d’un oeil. Il faut dire que seuls les deux premiers épisodes sont traduits, le reste est en VO… Ce qui n’aide pas à s’immerger.
Néanmoins je reste toujours preneur, trouvant que la simplicité de ces séries est reposante.