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Combattler V

Combattler V

Chōdenji Robo Combattler V

A la suite du billet sur les séries mecha rétro de la Toei sur Youtube, je vous propose un petit avis sur la série Combattler V, la seule du lot à avoir été diffusée en entier sur la plateforme.

Illustration © Toei

Combattler V est donc une série télévisée de 54 épisodes qui a été diffusée au Japon pour la première fois du 17 avril 1976 au 28 mai 1977. Elle a été produite par la Toei Company et animée par le studio Nippon Sunrise. Elle fait partie d’un ensemble intitulé Robot Romance Trilogy initié par le collectif créatif de Toei Saburo Yatsude et réalisé par Tadao Nagahama (qui dirigera les trois séries de la trilogie).

Le nom du robot star, le Combattler V, est un mot porte-manteau composé de Combine, Combat, et Battle. Le V fait référence à Victory ainsi qu’au chiffre 5 pour les 5 modules qui composent le mecha ainsi que ses 5 pilotes. “V” est prononcé comme la lettre, là où sur la série Voltes V il s’agit bien du chiffre “five” en anglais.

Spoiler alert

Ce billet spoilera sans honte aucune le scénario de la série.

Il y a plusieurs millénaires, le peuple de la planète Campbell se lança à la recherche de nouveaux mondes à habiter. L’une des expéditions dirigée par la scientifique Oreana arrivera sur Terre mais finira par prendre du retard dans sa mission. Elle se réveillera au 21ème siècle et lancera son plan d’invasion de la Terre avec ses immenses monstres bio-mechaniques. Face à eux se dresse Combattler V et ses cinq valeureux pilotes, dernier rempart de l’humanité face à cette crise.

La série dispose de deux arcs narratifs qui changent à mi parcours. Jusqu’au 26ème épisode, l’antagoniste principal est Garuda, le général de l’invasion terrestre et fils d’Oreana. Il est entouré d’autres personnages qui sont tous des androïdes ou cyborgs et reçoit ses ordres de la statue dans laquelle l’esprit d’Oreana a été copié. A la fin de ce premier arc narratif, Garuda découvrira qu’il est lui-même un androïde conçu par Oreana. Se sentant trahi par cette révélation, il se retournera contre elle et la détruira. Juste après, il mettra au défi Combattler V et finira par perdre.

Cependant, aucun répit pour le groupe de héros. A peine l’équipe d’Oreana détruite que l’impératrice Janera de la planète Campbell réactive sa base sur Terre avec ses deux généraux, Dungele et Warchimedes. La série repart donc pour un tour avec le même schéma et un power-up du Combattler V pour l’occasion.

Combattler V se déroule donc sur un schéma bien classique et connu des fans d’animation Mecha. Une équipe de héros stéréotypée, un laboratoire scientifique faisant office de base d’opération plus armée que n’importe quelle base militaire, des méchants qui envoient un monstre hebdomadaire, tout va bien, aucun risque de perdre le spectateur.

Cette série est tout de même un peu plus violente qu’à l’accoutumée (pour une série des années 1970). Le personnage de Garuda n’hésitera pas à faire régulièrement des prises d’otages et des personnages secondaires introduits avec l’épisode auront souvent un destin funeste avant la fin de celui-ci. L’un des autres éléments composant la violence de cette série est que les méchants hebdomadaires sont souvent des cyborgs issus d’espèces asservies par Campbell qui sont sous leur emprise. Quelques épisodes seront dédiés à cet aspect. Ce n’est pas spécialement nouveau pour autant, d’autres séries l’ont fait aussi, mais pas de manière généralisée à ma connaissance.

Un autre élément qui vient perturber le schéma classique est que les protagonistes sont imparfaits. Alors oui, un Kabuto Koji dans Mazinger Z était déjà une tête brûlée parfois un peu con sur les bords, mais là on parle de défauts physiques ou de vices. Par exemple, Chizuru, la seule femme de l’équipe, est atteinte d’une maladie cardiaque et a caché ce défaut pendant longtemps. Lorsque l’épisode consacré au développement de ce personnage aura lieu, elle subira une opération pour améliorer sa condition. Le professeur Yotsuya, qui dirige leur base après la mort du fondateur Nanbara dans les premiers épisodes, est un alcoolique notoire. Hyouma, le leader de l’équipe, a perdu ses deux bras durant un combat contre Garuda au début de la série et ils ont été remplacés par deux prothèses cybernétiques.

Passé le premier arc narratif, la série change cependant un peu de ton. Probablement jugée trop dure, elle introduit ses comic reliefs contractuels pour le genre avec Kinta et Chie Ichinoki accompagnés de leur grenouille de compagnie Keroppe, les enfants du cuisinier du restaurant du laboratoire qui causeront bien des soucis à l’équipe. Ils feront chanter des personnages pour se faire construire leur Boss Borot de service : Kerott, un robot de combat utilisant des techniques enfantines évidemment en forme de grenouille géante. Parfois il sera utilisé scénaristiquement pour aider lors d’un épisode, mais le reste du temps il s’agira des deux gamins insupportables qui se mettront constamment en danger. Bref, on pouvait s’en passer !! En plus ces gamins sont d’une laideur dans leur design…

Même chose au niveau de l’équipe de méchants hebdomadaire. Garuda était un personnage qui, bien que cliché, remplissait le rôle du fier héraut de son armée rempli jusqu’à rabord de beaux principes et d’envolées lyriques à base de “haha Moi Garuda je te défie !”. On suivait principalement son évolution jusqu’à sa déchéance à cause de ses échecs répétés et son retournement contre sa “mère”. Dans le second arc, on retombe dans un plus grand classique où Dungele est le lourdeau qui pilote les monstres hebdomadaires, et Warchimedes le scientifique qui les fabrique. Les deux ne s’entendent pas et se querellent en permanence, si bien que leur impératrice se doit de les châtier à chaque fois pour les calmer en les électrocutant (en changeant son apparence au passage, passant d’une élégante femme à une reptilienne, ceci dans le but de faire panpan culcul à ses deux gamins…). On revient typiquement dans un style plus enfantin par rapport à la première partie de la série.

La série retrouve son aspect plus tragique et violent vers la fin où les derniers épisodes montrent des combats plus éprouvants que d’accoutumée. Également, les antagonistes ont des fins assez violentes. Dungele sera mis sous le coup d’un ultimatum de la part de Janera et terminera son combat en un contre un à mains nues contre Hyouma. Devant de dernier échec, elle déclenchera une bombe se situant dans sa tête. Warchimedes sera envoyé au combat dans l’avant dernier épisode en remplacement de Dungele, mais son échec ne passera pas aussi. Janera fera transférer son cerveau dans un robot. La grande méchante prendra elle-même les choses en main pour le dernier épisode car elle apprendra qu’une révolte a eu lieu au sein de l’Empire Campbell. Défaite dans le combat final, elle lancera son ultime recours : une bombe visant le noyau de la Terre pour détruire la planète. Elle sera finalement tuée par Warchimedes qui se vengera du traitement qu’elle lui a infligé. La série se termine en Deus Ex Machina… Littéralement. En effet, l’équipe s’avère impuissante pour arrêter la bombe qui creuse à toute allure la croûte terrestre. Alors qu’ils se résignaient à une fin inéluctable, Deus, le véritable leader de Campbell issu de la révolution de leur Empire, intervient sur Terre et arrête sa destruction. Il aidera alors à reconstruire les cités détruites par les attaques en chaines de Janera.

Au niveau de la trilogie Robot Romance Trilogy, le but était de faire évoluer ce type de production animée du socle basique de vendeur de jouet à celui de série pouvant développer une histoire d’épisode en épisode, avec des histoires dramatiques, des conflits humains, et de la compassion. Pour ma part, je n’ai pas vraiment senti de grande différence avec les séries du genre qui lui étaient contemporaines. On note effectivement la présence de drama sur les personnages, une histoire qui leur est propre et des altercations causées par leurs défauts cités précédemment. Mais ce genre de drama était déjà présent sur une série du type Mazinger, le stéréotypage des personnages rendant parfois des interactions houleuses et entraînant des situations impossibles.

De mon côté, ce que je trouve surtout assez lourd avec ce genre de série, c’est la naïveté et candeur ambiante. Beaucoup d’épisodes se voient rattrapés par le scénario binaire gentils contre méchants de la série et laissent des ouvertures grossièrement refermées. Les méchants ont l’occasion de démolir les gentils, non il faut faire un long monologue ou lancer un plan inutilement compliqué pour laisser aux gentils le temps de retourner la situation. Les gentils ont la possibilité d’anéantir leurs ennemis d’un coup ? Non, ils ne sont pas comme ça, ils les laissent partir. Une situation qui sent le piège à des kilomètres ? Plongeons dedans ! Le méchant a déposé une bombe dans la base des gentils, cherchons la pendant des heures sans penser à l’unique objet qu’il a laissé en partant. Ces faiblesses d’écriture sont légion me direz-vous, et c’est bien vrai. Et sans elles, ce genre de série ne durerait pas une année oui.

Du point de vue technique, Combattler V est dans la catégorie des séries de super robot qui lui sont contemporaines. C’est pas super bien animé, la reprise de plans est constante avec la scène de gattai et de lancement qui permettent de gagner quelques minutes dans l’épisode. Les mouvements de finish du Combattler V sont recyclés en boucle, une animation éco-responsable ! Il est par ailleurs presque amusant de voir tous les faux raccords de cette méthode de production. En effet, durant le combat le Combattler V peut être endommagé, mais entre deux plans il est comme neuf, pour être de nouveau endommagé. Après, loin de moi l’idée de critiquer une série de 1976 sur ce point. Ce sont évidemment des productions industrielles où les épisodes sont réalisés de manière hebdomadaire avec un rythme soutenu pour lequel le recyclage de plans est nécessaire, surtout que tout était fait à la main là où de nos jours le numérique aide beaucoup. D’une certaine façon cela permettait de voir aussi combien la série s’est améliorée durant sa production. La reprise de la scène de Gattai ou bien des Finish datant des premiers épisodes montre que le trait est entre deux devenu plus fin, plus maitrisé, mais très certainement aussi aidé par l’usage de pellicules de meilleures qualité pour la photographie de la série. La version de la série disponible sur Youtube semble avoir été remasterisée, ce qui apporte un certain charme vintage avec les poussières et traces présentes sur les celluloïdes. Animée par Sunrise, la série a eu parmi son staff des réalisateurs qui sont depuis de renom tel que Yoshiyuki Tomino (Gundam) qui a dirigé 13 épisodes.

Combattler V, c’est donc ce genre de série à l’ancienne où tout est simple. Une forte naïveté et candeur ambiante contrebalancée d’une certaine violence par moments. Un scénario simpliste qui s’achève en Deus Ex Machina tant le dénouement final était impossible à résoudre par les protagonistes. Un méchant hebdomadaire qui se fait poutrer chaque semaine non pas sans mal. Des méchants qui découvrent le concept de production en série et d’attaque multiples aux deux derniers épisodes. Mais ça faisait le job et au final ça se regarde sans prise de tête.


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