Cowboy Bebop (série Netflix)
Lorsque j’avais appris l’adaptation en série live de Cowboy Bebop, je ne peux cacher la crainte que j’ai eu à ce moment-là tant ce format est souvent sujet à déception pour porter en prise de vue réelle une série d’animation. Surtout lorsqu’elle est produite et jouée par des japonais qui auront tendance à surjouer et donner un résultat faux. Par la suite, en voyant qu’il s’agissait d’une production Netflix, j’ai commencé à être un peu plus rassuré et c’est avec non sans une certaine appréhension que je me suis lancé à sa découverte. Et ce fut une bonne surprise !
Cowboy Bebop se déroule dans le futur en 2171, dans un univers futuriste ambiance western et légèrement cyberpunk où le personnage principal, Spike Spiegel, est un chasseur de prime (appelés “cowboy”) avec son partenaire Jet Black, un ancien policier lui aussi reconverti, qui possède leur vaisseau et maison, le Bebop. Le duo tente de survivre à travers un système solaire impitoyable en ramassant la racaille dont la tête est mise à prix. Leurs aventures sont parsemées de rencontres plus ou moins surprenantes, de déceptions, mais aussi d’altercation avec les forces de l’ordre ou encore de l’Organisation criminelle du Dragon Rouge, une sorte de mafia détenant un grand pouvoir.
Il y a eu plusieurs choses qui m’ont rassuré quant à la direction de la série : Shinichiro Watanabe, le réalisateur de l’animé, a oeuvré dessus comme consultant et Yoko Kanno a été de la partie pour la musique. Il faut dire de l’ambiance musicale de Cowboy Bebop est géniale et le fait que de la série live ait repris l’iconique générique “Tank!” (y compris visuellement avec les vrais acteurs) montre un volonté d’être fidèle à la direction artistique de la série animée de 1998. Il faut également attendre quelques épisodes avant d’avoir le droit d’entendre “The Real Folk Blues”, le générique de fin de l’animé, comme thème de fermeture d’épisode. L’esthétique et l’ambiance de la série live est donc proche de l’animé d’origine avec un côté SF crade proche du cyberpunk et du dieselpunk mélangeant une technologie de pointe pourtant montrée comme fatiguée et déglinguée, et parmi laquelle un panel de personnages haut en couleur et excentrique se développe. Les personnages sont tous plus ou moins caricaturaux et parfois un peu trop surjoués (j’ai clairement eu du mal avec Vicious), notamment du côté des antagonistes. Le reste est relativement équilibré et on note quand même quelques modifications de personnalités ou d’apparence. Faye Valentine a une garde robe moins provocatrice (l’une des raisons avancées étant des restrictions relatives aux scènes d’actions et cascade) et Jet Black est incarné par un acteur noir, Mustafa Shakir. Le personnage principal, Spike Spiegel, est joué par John Cho avec une certaine efficacité.
La série live est une réécriture de l’animé avec quelques modifications et changements au niveau de la trame de l’histoire. Globalement, les personnages ont tous la même base que leurs homologues de l’animé, mais le déroulement de leurs histoires respectives est parfois différent. La série a réussi à reprendre l’univers et la direction artistique de l’animé, mais en lui mettant un côté un peu trop kitsch par moment qui donne l’impression de vouloir surfer sur la vague de la mode des années 80. Elle propose également beaucoup d’humour mais n’arrive pas à atteindre la même synergie que les personnages ont eu dans l’animé. Les gags sont assez téléphonés et convenus tandis que les situations sont globalement très prévisibles. Les antagonistes sont globalement trop caricaturaux, voire totalement changés par rapport à leur version de l’animé. Du côté des protagonistes, Spike est assez fidèle à la version animée, malgré un aspect dépressif trop prononcé qu’on ne ressent pas autant dans la série de 1998. Jet Black est par contre trop moralisateur et papa poule, un défaut que je ne me souviens pas avoir ressenti dans la série animée. Faye Valentine est relativement fidèle avec son côté espiègle, arnaqueuse et brouillonne. Globalement, les protagonistes sont tous bien joués et je pense qu’ils souffrent plutôt d’une écriture pas toujours à la hauteur du personnage original. L’écriture de la série est à géométrie variable. Le format est différent de l’animé et elle s’est voulu reprendre quasiment toute la ligne de celui-ci en 10x40 minutes (sachant que Cowboy Bebop était une série de 26x25 minutes). Certaines épisodes sont donc assez vite expédiés tandis que d’autres vont être plus poussifs quant à leur développement.
En dehors de ces quelques défauts, j’ai plutôt bien apprécié cette première saison. La série a fait l’objet de critiques assez négatives dans l’ensemble, avec comme seul terrain d’entente le casting qui a été globalement très apprécié. A voir si celle-ci amènera une seconde saison.