Densetsu Kyojin Ideon
Densetsu Kyojin Ideon ("Le Légendaire Géant Ideon)", aussi connue sous le nom de Space Runaway Ideon, est une série télévisée d’animation japonaise produite et diffusée à partir de mars 1980. Elle fut écrite et réalisée par Yoshiyuki Tomino, directement après Mobile Suit Gundam, sa plus célèbre licence. Et il faut croire que les deux ont eu le même destin puisqu’elles furent toutes deux un échec d’audience à leur première diffusion. Ideon était initialement prévue pour durer 43 épisodes, elle fut amputée pour s’arrêter à 39. Cependant, comme Gundam, elle gagna un statut de série culte à posteriori et deux films sortis en simultané en 1982 vinrent conclure la licence : A Contact qui recompile la série TV, puis Be Invoked qui réécrit le final de la série en reprenant ce qui était initialement prévu.
Ideon se déroule en 2300, dans un futur lointain où les terriens ont colonisé d’autres planètes. L’histoire débute sur la planète Solo dans la Galaxie d’Andromède où un groupe d’archéologues découvre des vestiges attribués à celle qu’ils appellent la Sixième Civilisation. Ceux-ci sont constitués de trois immenses véhicules lourds et blindés et un vaisseau spatial appelé le Solo Ship. Depuis six mois, les équipes d’ingénieurs et d’historiens tentent de comprendre le fonctionnement de ces engins, mais ils n’ont jamais réussi à les activer.
Les agissements des colons terriens sont découverts par une autre civilisation, le Buff Clan. Karala Adjiba, la fille du dirigeant suprême du Buff Clan, décide de son propre chef de descendre sur la planète Solo pour observer ce que les terriens font. Elle est suivie par différents soldats qui craignent pour sa sécurité et n’ont aucune idée de comment vont réagir les terriens. Après avoir perdu la trace de Karala, les soldats du Buff Clan décident alors d’attaquer la colonie terrienne pensant que celle-ci aurait enlevé ou tué Karala. Un groupe de jeunes terriens trouvera refuge à l’intérieur des engins de la Sixième Civilisation et ceux-ci s’activeront miraculeusement. Les appareils s’assembleront de leur propre chef pour former un robot géant, le légendaire Ideon.
Le démarrage de la série TV n’est clairement pas sans rappeler celui de Mobile Suit Gundam. A l’exception d’un état de guerre inexistant à son démarrage, nous retrouvons les mêmes éléments : le protagoniste, Cosmo Yuki (ressemblant à un Amuro Ray avec une coupe afro) est le fils du chef de l’expédition archéologique et devient le pilote d’une des trois machines, ambiance chaotique avec l’équipage du Solo Ship composé de militaires et de civils, fuite dans l’espace en étant poursuivi par l’ennemi, on est là sur un schéma déjà bien exploité.
Ce qui marque avant tout dans cette série, ce sont ses personnages qui sont horriblement obtus et intolérants. C’est véritablement le marqueur principal de celle-ci : une haine ou défiance irrémédiable de l’autre, que ce soit en interne dans les deux camps antagonistes (les humains du Solo Ship ne se supportent que très peu, tout est prétexte à dispute, la présence de Karala considérée comme une espionne, etc) ou entre les deux parties qui sont incapables de trouver un terrain d’entente, la série annonce bien sa couleur. Ce qui va ponctuer ensuite le récit, ce sont évidemment toutes les batailles qui auront lieu entre le Solo Ship et Buff Clan qui continueront d’accentuer la haine mutuelle des deux espèces entre elles malgré leur grande ressemblance. Au fil de l’histoire, le Solo Ship et son équipage aura de plus en plus le statut de paria même au sein de sa propre espèce.
L’autre thème principal de la série est évidemment l’idée d’une énergie infinie appelée “Ide”. Obtenir cette énergie est l’un des enjeux de Buff Clan, qui a souffert d’une période difficile et s’est appuyé sur ses anciens mythes pour partir à la recherche de l’Ide. Etant une composante du Solo Ship et de l’Ideon, l’Ide deviendra rapidement l’enjeu premier de la série où Buff Clan et même les autres terriens tenteront tour à tour de tuer l’équipage du Solo Ship pour en prendre possession. C’est à ce moment là qu’on arrive à l’une des autres caractéristiques d’Ideon : c’est une machine à faire des deus ex machina. Tout le concept de l’Ide repose sur le fait qu’il s’agirait une entité dotée d’une conscience propre et qui cherche à s’auto-défendre. Cela se manifeste dans leur plan d’existence par un dégagement d’énergie infini, mais aussi le Solo Ship et l’Ideon qui deviennent subitement autonomes.
La série est ainsi une constante surenchère d’attaques de Buff Clan ou trahison des terriens, événements tragiques qui viennent à provoquer un fort désespoir et manifestations d’Ide qui amplifient le sentiment de peur des humains face à lui. En effet, l’une des questions récurrentes de la série est : si la Sixième civilisation a pu concevoir des machines à la puissance infinie, pourquoi s’est-elle éteinte ? Dans son idée que l’Ide est une entité consciente, la dernière partie de l’histoire donne l’impression de voir des épreuves infligées aux humains. Un peu comme voulant tenter de voir si les deux camps antagonistes parviendront à trouver un terrain d’entente.
Néanmoins, là où le bât blesse, c’est que la série est assez ennuyeuse et prévisible à cause de ça. Le caractère obtus et immuable des personnages, ou les changements soudains de mentalités, font que c’est parfois peu supportable à suivre car s’en est à la limite du caricatural. Egalement, le côté prévisible de la série est renforcé par l’aspect Kill’em All de Tomino et le fait que l’Ideon fera un deus ex machina à un moment donné pour sortir d’une situation désespérée (avec un peu, voire beaucoup de casse et de dommages collatéraux).
En parlant du kill’em all, ceux qui connaissent les travaux du réalisateur le savent bien, Tomino s’est taillé une réputation dans le fait de tuer ses personnages d’une manière parfois brutale et violente. Ideon n’y fait pas exception et les tragédies s’enchaînent. Le film Be Invoked est à lui tout seul un véritable carnage qui a bien assis la réputation de Tomino sur ce point.
Il me paraît important d’avoir vu le film Be Invoked pour mieux intégrer le final que la série n’a pas pu développer. Du fait de son interruption, le dernier épisode a beaucoup rushé la fin de l’histoire qui est très brutale (dans tous les sens du terme). Le film reprend ainsi ce qui fut prévu dans les 5 derniers épisodes annulés et amène un final à la fois surprenant et, étonnamment plein d’espoir, mais à un prix très élevé.