Godzilla Singular Point
Godzilla Singular Point est une série animée de 13 épisodes sortie en juin 2021 à l’internationale sur Netflix, avec une première diffusion exclusive à partir d’avril au Japon.
La série se déroule en 2030, dans la ville de Nigashio dans la préfecture de Chiba au Japon. Yun Arikawa et Haberu Katô sont deux ingénieurs de l’entreprise locale Otaki Factory (une sorte de garage à tout faire) qui suivent la trace d’un mystérieux signal radio émis depuis un manoir au style occidental. Au même moment, non loin de là, Mei Kamino, une étudiante spécialisée dans l’étude des créatures imaginaires, arrive à Misakioki, l’ancien bâtiment administratif de la ville où elle a été appelée pour étudier le phénomène. Les deux équipes se retrouvent à enquêter sur cet étrange signal radio qui diffuse une chanson indienne mais dont l’origine de l’émission est indéterminé. Peu de temps après, d’étranges et immenses créatures commencent à apparaître en ville en commençant par les Rodan, des sortes de ptérosaures venus de l’océan.
J’ai été quelque peu inquiet à l’idée de regarder cette série car les trois précédents films Godzilla produits par Netflix ne m’avaient guère emballé (pour ne pas dire que je les ai trouvés mauvais). C’est donc sans réelle attente que j’ai lancé celle-ci et je dois avouer avoir eu une agréable surprise. Déjà, ce n’est pas une immonde série animée en 3D dégueulasse comme il en existe beaucoup trop… Les personnages ont une animation traditionnelle avec un effet à l’ancienne un peu crayonné qui m’a rappelé le style graphique de Gundam : Reconguista in G. L’intégration de l’animation 3D pour les monstres et autres effets est une véritable réussite avec une direction artistique rappelant les estampes de légendes traditionnelles japonaises. Cela faisait vraiment longtemps que je n’avais pas eu une telle admiration pour le rendu d’une série d’animation japonaise (il faut dire aussi que je n’ai pas regardé grand chose de nouveau depuis quelques années dans le domaine, les genres que j’apprécie ayant quasi disparu..) et celle-ci relève vraiment la barre des productions originaires de Netflix. De mémoire, je pense qu’il n’y a guère que la série Violet Evergarden qui ait un tel niveau de qualité visuelle. Le reste étant en grande partie produit par Polygon Pictures, dont je n’aime toujours pas le style.
Un autre point fort de cette série est qu’elle possède un scénario original, elle ne semble pas adaptée d’un livre ou d’un manga apparemment. C’est assez rare pour le souligner je pense ! Côté histoire, les épisodes sont d’une assez grande densité et le scénario est plutôt bien ficelé avec une montée en intensité progressive. C’est parfois un peu lent mais je ne l’ai pas ressenti plus que ça. La série repose une grande partie de son scénario sur l’utilisation de concepts physiques assez complexes dont j’ignore si ce sont des théories réelles ou bien entièrement imaginées par l’histoire. Elle est donc parsemée de techno-bable le tout agrémenté de IA Ex Machina. Ce que j’appelle ainsi est le fait que les points de scénario sont généralement débloqués par l’aide d’intelligences artificielles capables d’à peu près tout. D’une certaine façon, ça rappelle les vieilles séries SF des années 80 et 90. Elle mélange donc habilement passages découvertes et enquête avec le côté kaiju sur les combats contre des gros monstres.
Côté vilaines bestioles, elle ressort quelques vieux dossiers de la franchise Godzilla avec notamment le robot Jet Jaguar inspiré de l’original mais qui a pris un peu d’embonpoint, les Rodan, mais aussi Manda (un serpent de mer géant).
J’ai cependant noté quelques faiblesses. En premier lieu le charac-design. Non pas qu’il ne me déplaise, bien au contraire il sort complètement du lot de productions industrielles toute plus identiques les unes que les autres du secteur et apporte une réelle identité à la série. Mais il ne me paraît pas spécialement bien mis en valeur. Les personnages ont assez peu d’expressions faciales notamment Yun qui tire tout le temps la tronche même durant les phases tendues ou d’action avec un faciès limite figé de geek taciturne. L’autre point qui m’a gêné est le IA Ex Machina cité précédemment. C’est un peu une facilité scénaristique, comme si celui-ci avait voulu construire une énigme tellement complexe qu’il n’aurait pas su la résoudre lui-même. Mais bien que ce point m’ait dérangé, il a tout de même été bien développé pour prendre une réelle part au scénario et non un simple artifice pour sortir l’intrigue de l’embarras.
En dehors de ces quelques soucis, j’ai vraiment apprécié la série, ce qui est une chose rare me concernant au sujet de l’animation japonaise récente (je suis un vieux con aigri et l’assume). L’épilogue de la série ouvre la porte à une seconde saison, et j’espère qu’elle arrivera car ce fut une excellente découverte qui a fait oublier le mauvais souvenir qu’était la précédente trilogie de films d’animation.