NieR Replicant ver.1.22474487139...
NieR Replicant ver.1.22474487139… est la version améliorée du premier jeu NieR Replicant sorti en avril 2010. Cette nouvelle version est arrivée à la même date, mais onze ans après, en avril 2021. Il s’agit de la première sortie internationale de la version PS3 du jeu, l’édition NieR Gestalt ayant été celle qui s’est vendue en dehors du Japon. Il s’agit donc de celle où le protagoniste sans nom, surnommé Nier par la communauté, est le frère aîné de Yonah et non son père comme dans l’autre jeu.
Nier est un jeune homme vivant dans un petit village avec sa soeur Yonah. Celle-ci est atteinte par le Black Scrawl, une maladie considérée comme incurable, mais son frère ne perd pas espoir de trouver un moyen pour la guérir. Il vit de services qu’il rend pour les villageois et combat les Shades, de violentes créatures éthérées s’attaquant à toute forme de vie, qui frappent régulièrement les humains.
Durant l’une de ses quêtes, il explorera un temple abandonné non loin de leur village et tombera sur un puissant livre magique, Grimoire Weiss, doté d’une grande sagesse, mais aussi d’une forte personnalité, et qui conférera à Nier de nouvelles aptitudes bien pratiques pour combattre les Shades. En présentant Weiss à Devola et Popola, les deux cheffes du village, ils découvriront qu’il serait le livre magique contenant des Vers permettant de soigner le Black Scrawl. Nier et Weiss commenceront alors une série de quêtes pour retrouver les Sealed Verses qui doivent permettrent à Weiss de recouvrer toute sa puissance.
Le staff du jeu avait rapidement indiqué qu’il ne s’agissait pas d’un remake ou d’un remaster, mais juste d’une version améliorée. Je n’ai jamais fait le jeu original, donc je me garderai de toute comparaison mal venue. Cependant, voici une rapide liste des évolutions que le jeu a reçu : Les effets visuels et combats ont été revus (pour être plus proche de NieR Automata sans dénaturer Replicant selon Yoko Taro), les musiques ont été réarrangées, de nouvelles scènes cinématiques et dialogues ont été ajoutés, le jeu a entièrement été re-doublé, tous les dialogues sont doublés, une nouvelle fin “E” a été ajoutée, ainsi que des nouvelles quêtes annexes et éléments d’histoire coupés à l’époque. En lisant les critiques de l’époque, on peut voir que le jeu avait été apprécié pour son scénario, ses personnages et ses musiques, mais démontrait de grosses faiblesses esthétiquement une gestion des quêtes annexes laborieuse, et des éléments gameplay discutables.
Concernant l’avant dernier élément, je n’ai pas l’impression qu’il y ait eu de grandes améliorations. Les quêtes annexes ne sont pas indiquées, les objectifs n’apparaissent pas sur la carte et il n’est pas possible de les traquer. Si bien qu’on se retrouve à courir et faire des aller/retour dans les villes pour retrouver le PNJ adéquat. Au sujet des quêtes annexes, je noterai quand même qu’elles ne sont vraiment pas plaisantes à jouer. C’est principalement du “fedex” qui nous fait courir dans tous les sens, et n’a de seul intérêt que l’apport d’argent et d’expérience complémentaire. Ce qui est dommage, c’est qu’elles développent parfois un mini scénario, mais que je trouve hélas assez peu exploité. Autre élément un peu faiblard à mes yeux, le jardin. L’idée est bonne, pouvoir cultiver diverses fruits, légumes ou plantes qui confèrent des bonus ou servent de matériaux, mais bon sang que c’est chiant à utiliser. On dispose en tout de 15 emplacements de jardinage, pour lesquels il faut systématiquement ouvrir un menu, fertiliser, rouvrir le menu, planter, rouvrir le menu, arroser … x 15, avec entre chaque action une animation du personnage. C’est lent et décourageant, et pire encore, nécessaire pour certaines quêtes annexes. Une bonne idée mal intégrée à mon humble avis.
Passé ces quelques faiblesses du jeu, nous avons en premier lieu son ambiance musicale qui est unique. Composée par Keiichi Okabe et son studio Monaca, il offre une ambiance étrange à la fois lointaine et contemporaine. Comme expliqué dans le billet de présentation de la série NieR, les thèmes musicaux contiennent également des vocalises qui imitent les sonorités de nombreuses langues (anglais, japonais, français, portugais, russe…) pour donner une idée de la langue parlée dans ce lointain futur. Visuellement, le jeu est assez beau (il a probablement été amélioré vu que c’était un de ses points faibles), mais la modélisation des personnages reste assez vieillotte. Il reste cependant très fluide et les effets visuels des combats apportent un sacré dynamisme à ceux-ci.
L’histoire de NieR Replicant est globalement excellente. Bien que parfois prévisible et la mise en scène usant un peu souvent du fusil de Tchekhov, elle est assez crue et la narration entièrement centrée sur le point de vue de Nier cache quelques rebondissements insoupçonnés. L’aventure est composée de 3 principaux actes : un prologue se déroulant un millénaire plus tôt, l’Acte 1 où Nier est adolescent, puis l’Acte 2 se déroulant cinq années après où Nier est adulte. Tous ces actes sont joués du point de vue de Nier et de son ignorance du monde qui l’entoure : il le découvre progressivement, il explore, il rencontre des gens, et combat les Shades ou encore d’autres reliques du passé telles que les robots peuplant l’usine désaffectée de Junk Heap. Le jeu possède 4 fins différentes qui ne sont pas forcément alternatives. En effet, une première partie complète s’achèvera sur la fin “A”. Relancer le jeu à partir de cette fin redémarre le scénario au début de l’Acte 2, après les premiers chapitres de réintroduction. Cette relecture du scénario propose alors un nouvel angle narratif : celui du monde qui entoure Nier. Ainsi, le jeu se ponctue de séquences histoire liées à d’autres personnages ou d’autres événements totalement inconnus de la petite bande. Et ça donne là une toute autre dimension à l’histoire… Ce principe narratif aura d’ailleurs été brillamment repris par la suite NieR Automata. Ainsi, la fin “B” est celle qui apportera un complément à la suite de cette relecture narrative, puis les fins “C”, et “D” feront office de continuité scénaristiques. La fin “D” est d’ailleurs celle qui est considérée comme canon pour Automata. La fin “E” a été rajoutée par le roman The Lost World, et intégrée au jeu dans la version 2021 de NieR Replicant.
NieR Replicant possède un panel de 4 principaux personnages : “Nier”, le protagoniste sans nom que le joueur pilote de bout en bout. Grimoire Weiss, un livre magique doté d’une conscience et de puissants pouvoirs permettant à Nier de progresser. Kainé, une jeune femme originaire du village Aerie vivant comme une paria à cause de sa possession partielle par une Shade. Emil, un jeune garçon vivant reclus dans un manoir où le temps se semble arrêté, aveuglé par un bandeau qui lui sert à cacher ses yeux qui pétrifient tout ce qu’il regarde (et vraiment tout, pas uniquement des humains). Les personnages sont dans l’ensemble bien développés, même si Weiss reste l’un des plus mystérieux de par le fait que c’est un livre qui parle et vole. Emil est développé par le scénario principal et Kainé voit son histoire s’étoffer durant une phase narrative précédent le redémarrage de l’Acte 2 passé la première fin du jeu. Le principal antagoniste du jeu apparaît pour la première fois à la fin de l’Acte 1, il s’agit du Shadowlord, celui qui est visiblement le maître des Shades. Parmi les personnages secondaires importants, nous avons les soeurs jumelles Devola et Popola qui font office de cheffes du village de Nier qui apportent un soutien en termes d’information, Popola étant aussi la responsable de la grande bibliothèque du village contenant des ouvrages de l’ancien monde. Autre personnage secondaire notable, le Roi de Façade, une ville du désert vivant avec une culture totalement différente. Tout ce lot de personnages annexe propose également un bon développement avec même des rebondissements inattendus, ou des conséquences tragiques.
Que retenir de NieR Replicant ? Un excellent jeu, doté d’un scénario et d’une bande son au top. Un lot de personnages intéressant et attachant, une équipe à problème qui parcourt un monde plus complexe qu’ils ne semblent l’imaginer. Mis à part des faiblesses de gameplay par moment et d’une impression de remplissage artificiel avec les quêtes annexes qui vont de l’inintéressant à la mini intrigue, ce jeu est une excellente expérience vidéoludique.