PineTime, montre connectée libre de Pine64
Après avoir essayé le PineBook Pro, puis le PinePhone, j’ai récemment acquis la PineTime, une montre connectée du même fabricant elle aussi proposée en open-hardware et propulsée par des logiciels libres. A dire vrai, je n’ai jamais réellement eu d’intérêt pour les montres connectées, y voyant un gadget parmi tant d’autres et un nouveau mouchard à ajouter à la liste des autres fournis par les constructeurs du marché.
Qu’est-ce qu’une montre connectée
Une montre connectée, ou smartwatch dans la langue de Steve Jobs, se défini comme étant un ordinateur portable (au sens de porter un vêtement ou un accessoire sur soit) sous la forme d’une montre. Au même titre que les smartphones à l’époque de l’iPhone, le concept date de bien avant ces appareils mais grâce à l’impressionnante miniaturisation des composants électroniques couplée à une puissance toujours plus élevée, ces micro ordinateurs portatifs ont pu se démocratiser pour atteindre le grand public avec des fonctionnalités beaucoup plus fluides.
En effet, des montres intelligentes, programmables, dotées d’un écran à cristaux liquides avec une grande surface d’affichage, ça existe depuis plus d’une vingtaine d’années. Celles qu’on connaît aujourd’hui sont arrivées il y a une petite décennie avec notamment la Sony Ericsson LiveView qui servait d’appareil compagnon à un smartphone Android connecté en Bluetooth.
Globalement, les smartwatches aujourd’hui sont principalement utilisées comme outils de suivi d’activité physique (grâce à leurs cardiogrammes embarqués et senseurs détectant les pas notamment) et compagnon du smartphone pour piloter diverses fonctionnalités. Elles sont beaucoup plus autonomes qu’au début et les modèles les plus avancés possèdent désormais leur propre connectivité mobile.
La PineTime
Revenons au sujet de notre article : La PineTime. Elle est proposée par Pine64 sous la forme de deux kits : la montre seule, vendue 26.99$ et un kit de développement contenant deux fois le produit proposé à 46.98$. La raison pour laquelle le kit de dev possède deux versions est que l’offre de base inclus une montre scellée, signifiant qu’elle n’est pas facilement démontable ou bien que son étanchéité se verra compromise le cas échéant. Le kit de dev propose donc la montre en version utilisation quotidienne, et une version non scellée donnant accès aux composants et notamment à ses connecteurs pour la flasher facilement. La version “normale” seule est donc déconseillée si l’envie vous prend de bricoler le software car les interfaces de debug ne sont pas facilement accessibles. Le fabricant averti qu’il y a un risque de la briquer si on tente de changer le firmware de la version scellée.
Côté prix, celui-ci peut paraître rikiki mais comme le PineBook, elle vient de Chine (le PinePhone était expédié depuis la Pologne par contre). Cela implique donc un surcoût de 30$ de frais de ports, et 30€ de douane… Soit au final 90€ pour un produit vendu 20 à la base. Donc gardez ceci en tête si l’envie vous prend d’en acheter une !
La PineTime se présente sous la forme d’un boîtier scellé de 37.5 x 40 x 11mm, pour un poids total de 38 grammes. Elle est certifiée IP67 ce qui signifie étanche à 1m pour l’édition scellée. L’écran est une dalle IPS de 33mm de diagonale (ou 1.3 pouces en unité de mesures pour barbares) tactile de type capacitif pouvant afficher 65 000 couleurs. La résolution est de 240x240 pixels.
Le tout est propulsé par un SoC Nordic Semiconductor nRF52832 disposant de 512Ko de mémoire flash et 64Ko de mémoire vive. Sa seule connectivité est du Bluetooth 5.0 (supportant le BLE). Les capteurs intégrés sont un accéléromètre et cardiogramme. Elle possède un petit vibreur pour les notifications. Elle est alimentée par une batterie 180mAh lui donnant une autonomie de 3 jours et se recharge via un socle USB magnétique inclus.
Côté software, la PineTime est livrée de base avec InfiniTime, un micrologiciel libre pour montres connectée. Le système fait encore l’objet d’un fort développement communautaire et s’avère loin d’être un produit fini, il faut garder ça en tête. Rappelons que les produits Pine64 s’adressent avant tout à un public de bricoleurs passionnés qui n’ont pas peur d’avoir des pots cassés ou des bugs.
Au premier démarrage, la PineTime n’affichera rien de spécial et ne sera pas à l’heure car elle est totalement dépendante d’une connectivité tierce. Ainsi, elle a besoin d’être associée à un smartphone ou un PC pour fonctionner. Elle est compatible avec diverses applications, personnellement j’ai testé les suivantes :
- GadgetBridge pour Android, disponible sur F-Droid. Permet de synchroniser les notifications et de mettre à jour le firmware.
- AmazFish pouur SailfishOS et Linux. Je l’ai essayé pour voir comment fonctionne la synchro avec un PC, pas réussi à avoir de résultat.
- Siglo pour Linux. Connecté une fois, mais ensuite synchro perdue, je n’ai pas été plus loin.
Donc en gros, j’ai réussi à la connecter à Android via GadgetBridge. Une fois appairée, elle se synchronise et affiche désormais l’heure. Elle reçoit ensuite les notifications (SMS, etc) et demandes d’appels et permet d’interagir avec ceux-ci. Elle n’arrive pas à lire les SMS par contre, seulement l’aperçu des notifications. J’ai aussi essayé de piloter Spotify avec et ça marchait.
Infinitime vient avec plusieurs applications embarquées :
- Chronomètre
- Pilotage de lecteur musical
- Navigation (mais je n’ai pas compris comment ça marche, si tant est que ça marche)
- Podomètre (totalement délirant, j’ai fait 300 pas en écrivant ce billet, les données du capteur sont encore mal interprétées)
- Cardiogramme (l’appli arrive à calculer quelque chose, par contre le compteur sur la Home est inopérant)
- Compte à rebours
- Dessin (sur un écran de 240x240 c’est vite limité 😁)
- Jeu Pong solo
- Jeu inspiré de 2048
- Deux autres qui servent à afficher les résultats des capteurs de mouvements et de rythme cardiaque
- L’écran paramètres permet d’activer un mode “lampe torche” où l’écran devient blanc
Côté paramétrages, c’est pour le moment le minimum syndical :
- Luminosité de l’écran
- Méthode de réveil
- Durée de mise en veille
- Mise à jour du firmware
- Format d’heure/date
- Type d’affichage de l’écran principal (analogique ou numérique)
Si côté OS il y a encore du boulot (et c’est déjà une très belle base !), côté hardware je trouve que le produit est chouette. Il ne fait pas trop low-cost alors qu’il l’est. Le boîtier est propre et l’interface est réactive.
En désagrément d’usages, j’ai noté que la montre a tendance à perdre la connexion avec l’appli compagnon et nécessite parfois un redémarrage. Cela peut paraître déroutant, mais il n’y a pas d’instruction d’arrêt/allumage/redémarrage. Le bouton sur le côté est là pour la réinitialiser en cas de soucis en le maintenant pendant une dizaine de secondes pour la faire redémarrer. En dehors de ça, il sert uniquement à éteindre / allumer l’écran.
Du côté de GadgetBridge, malgré l’option permettant de désactiver la notification permanente de connexion avec la montre sur Android, elle reste affichée.
La sortie de veille peut se faire de différentes façons : bouton physique, appui écran une fois, ou double appui, ou encore à détection de mouvement. Par ma part j’ai activé le dernier cas.
Que retenir de la PineTime ? Un petit appareil qui est bien fini sur le plan physique. Un système d’exploitation qui s’améliore progressivement et offre quelques petites fonctionnalités basiques.