La saga The Legend of Zelda
The Legend of Zelda, une série de jeux qui fait partie de mes favorites. Y a-t-il d’autre saga du jeu vidéo qui déclenche autant d’hystérie lorsqu’un nouvel opus dévoile ses premières images ? Je me rappellerai toujours la fameuse bande-annonce de l’E3 2004 de l’épisode qui deviendra Twilight Princess où le public s’est mis à hurler lorsque Link est apparu à l’écran après quelques secondes de vidéo. Après un peu plus de 30 ans et 19 épisodes qui cumulent presque 120 millions de ventes à ce jour, la licence Zelda fait partie des séries iconiques de Nintendo, et du jeu vidéo d’une manière assez globale.
Bref, ce ne sera pas une surprise à la lecture de cet article, mais je suis un fan de la série des jeux Zelda depuis ma découverte de celle-ci avec A Link to the past sur SNES. Un peu comme j’avais fait pour la licence Xenoblade, je vous proposerai une petite série d’articles sur cette grande saga du jeu vidéo. Ce premier article vous présentera la licence dans sa globalité. Ensuite, j’aborderai les différents épisodes de la saga au travers les décennies qu’elle a traversée, et enfin un dernier qui mettra les choses dans l’ordre avec la chronologie officielle de la série. Dans la mesure où je n’ai pas non plus eu l’occasion de jouer à l’intégralité de celle-ci, je serai un peu plus succins sur les épisodes que je ne connais pas.
Qu’est-ce que Zelda
Legend of Zelda est une série de jeu vidéo d’action aventure se déroulant dans un univers de fantasy où le joueur incarne le personnage de Link. Le premier titre de la série a été créé en 1986 par Shigeru Miyamoto en s’inspirant de ses promenades dans la campagne environnant sa maison d’enfance à Kyoto. Là bas, il voyait des lacs, des forêts, des villages de campagne et des grottes. Plus jeune, il explora une caverne avec une lanterne et c’est cette expérience qui lui inspira l’idée du jeu Zelda. En effet, une bonne partie de celui-ci consiste en l’exploration de grottes et cavernes. Miyamoto voulait faire de Zelda un jardin miniature dans lequel le joueur pouvait s’épanouir.
Et oui, un élément qu’on a oublié à l’époque où Breath of The Wild avait été médiatisé comme étant un “Zelda en monde ouvert”, c’est que le premier titre de NES en était déjà un ! En effet, lorsque le joueur démarrait sa partie, il se retrouvait au milieu de la campagne avec un Link tout seul, sans aucun élément de contexte ni indication (limitations techniques oblige, l’histoire du jeu était narrée par le livret associé) et partait donc à l’aventure.
Le nom de la série est basé sur l’un des personnages du jeu, la Princesse Zelda, qui est-elle même nommée en hommage à Zelda Fitzgerald, l’épouse de l’écrivain Francis Scott Fitzgerald.
Contrairement à la catégorie dans laquelle la série Zelda est souvent cataloguée, les jeux ne sont pas des action RPG. En dehors d’Adventure of Link, aucun titre ne possède de réel système d’expérience, de niveau ou de personnalisation du personnage. Les seules améliorations dont Link est capable sont le nombre de ses points de vie, symbolisés par des coeurs ou encore sa barre de magie quand disponible. Le reste de ses aptitudes se débloque grâce à des armes spéciales (boomerang, filet, arc..) ou encore des tuniques le protégeant d’un certain élément (tunique rouge pour le feu, etc).
Le système de jeu alterne des phases d’exploration du monde extérieur, l’exploration de donjons, et la communication avec des PNJ. L’exploration du monde et des donjons s’articule autour d’énigmes qui requièrent d’observer le décor ou bien d’aller récupérer un objet particulier pour débloquer le chemin. Généralement, une fois le puzzle reconstruit, des raccourcis sont activés pour faciliter la retraversée. L’exploration des donjons se fait à l’aide d’une carte qu’on peut obtenir dans ceux-ci, de recherche de clés pour débloquer les portes, et l’utilisation d’accessoires. Les donjons se terminent par un boss dont la stratégie est généralement liée à la thématique du donjon et à l’objet principal qu’on y récupère.
En dehors de Legend of Zelda premier du nom et Breath of the Wild qui sont des mondes ouverts entièrement explorables dès le départ, les jeux Zelda se découvrent petit à petit par l’exploration du monde. Plus le joueur progresse dans l’histoire, plus il débloque des nouvelles zones, énigmes, et donjons. C’est d’ailleurs ce qui est à l’origine d’un reproche assez récurrent de la saga : la linéarité des jeux. Ceux-ci suivent un parcours tracé et le joueur doit s’y plier. Il y a bien quelques épisodes qui ont essayé de la casser virtuellement, mais en réalité c’est toujours un blocage scénaristique qui permet simplement de faire les donjons dans l’ordre de son choix.
L’univers et ses personnages récurrents
L’univers de la série Zelda est inspirée de la fantasy à la Tolkien et y applique une esthétique empruntée à l’époque médiévale européenne. Il reprend également quelques éléments de légendes telle que la Master Sword qui est issue du mythe d’Excalibur. La Triforce, l’artefact sacré de la série, est inspirée des légendes autour des reliques sacrées et des batailles qui ont eu lieu pour l’hégémonie de leur possession.
La série Zelda se déroule majoritairement dans le Royaume d’Hyrule, une région du monde qui, selon la légende, a été créée par 3 déesses qui laissèrent après leur départ la Triforce, un ensemble de trois triangles qui représentent chacun une vertu des déesses : la Force, la Sagesse, et le Courage. Celui qui détient la Triforce se voit conférer le pouvoir de voir tous ses souhaits devenir réalité. A cause de la grande puissance de celle-ci, la Triforce a été placée dans un monde parallèle à Hyrule, le Royaume Sacré, où elle réside en sécurité. La légende raconte aussi qu’à chaque fois qu’un être aux noirs desseins chercherait à s’en emparer, un Héros se dressera contre lui. Dans le cas où celui qui s’empare de la Triforce ne possède pas l’équilibre des trois vertus, celle-ci se sépare alors en trois pièces représentant une caractéristique précise entre la Force, le Courage et la Sagesse, et se rattache à l’être chez qui la vertu est dominante. Le Royaume d’Hyrule est peuplé par les Hyliens, des humanoïdes aux oreilles pointues rappelant des elfes, ainsi que plusieurs autres espèces atypiques comme les Gorons (peuple des montagnes, les Zora (peuple aquatique), les Kokiri (peuple de la forêt), et d’autres encore, mais aussi des créatures magiques telles que des fées et d’autres moins sympathiques.
Au plus loin que remonte la chronologie des Zelda, la Triforce était l’objet de convoitise de Demise, un démon immortel ayant maîtrisé le temps lui-même. A l’issue d’une bataille extrêmement violente, Demise parvint à être scellé dans une prison par la déesse Hylia et son guerrier. La déesse abandonnera alors sa divinité pour se réincarner régulièrement parmi le peuple des Hyliens. Plusieurs siècles passèrent et Demise parvint à briser le sceau qui le retenait. La réincarnation de la déesse et de son guerrier embrassent alors leur destin pour le repousser une nouvelle fois. A l’issue de ce nouvel affrontement qui se terminera par la destruction de Demise, celui-ci lancera dans sa rage une malédiction qui le fera renaître encore et toujours, maudissant ainsi les descendants de la déesse et du Héros qui devront le combattre systématiquement. La spirale infernale des Zelda est lancée.
Avec le récit de cette légende, je vous ai rapidement présenté les trois personnages principaux et récurrents de la série : Link, le Héros, Zelda, la réincarnation de la déesse, et Ganon, la personnification de la malédiction de Demise.
Link
Link est le personnage central de l’histoire de chaque opus, mais aussi celui incarné par le joueur. Ses caractéristiques récurrentes sont qu’il est un jeune garçon / jeune adulte Hylien (cela dépend des épisodes) portant une tunique verte et un bonnet pointu. Il est généralement le détenteur de la Triforce du Courage et sa destinée est de combattre les forces du mal qui veulent faire sombrer Hyrule dans les ténèbres. Link a été nommé ainsi par Miyamoto car il symbolisait le lien entre le joueur et le monde d’Hyrule. En jeu, il s’agit d’un protagoniste silencieux. Non pas que Link soit muet, mais il ne dispose d’aucune ligne de dialogue écrite et ses propos sont implicites durant les dialogues avec les PNJ. Ce choix avait été fait pour favoriser l’attachement du joueur au personnage et lui permettre d’imaginer ce que Link répond au PNJ plutôt que de lire une ligne de dialogue. A noter que dans certains épisodes, le joueur se voit la possibilité de choisir des réponses ayant différentes tonalités (oui / non / sarcastique) durant un dialogue. Outre sa tunique et son apparence physique, l’une des récurrences de Link est qu’il apparaît souvent en train de dormir au début du jeu. Skyward Sword en a même fait une plaisanterie avec des personnages soulignants le côté gros dormeur de Link.
Le joueur peut généralement renommer Link à la création de sa première sauvegarde. Link possède d’autres titres pour le définir selon les épisodes : Héros du Temps, Héros du Vent, L’élu des Dieux, etc.
Zelda
Zelda est la princesse d’Hyrule, réincarnation de la déesse Hylia, et gardienne de la Triforce de la Sagesse. Si pendant plusieurs jeux Zelda a été simplement la princesse en détresse capturée par Ganon, elle a acquis au fil des épisodes un rôle plus actif dans la série où elle devient un support pour Link. Elle est même jouable dans le jeu Spirit Tracks où son esprit a été séparé de son corps et qu’elle assiste Link dans sa quête pour le récupérer. Elle prend aussi parfois part à l’aventure sous une autre identité pour aider Link, ou alors parce qu’elle n’est pas encore consciente de sa destiné.
Au fur et à mesure des épisodes, Zelda prend un rôle de plus en plus actif et assiste Link dans le combat final contre Ganon où elle possède généralement un arc avec des flèches de lumière permettant de le blesser. Malgré tout cela, Zelda reste encore bien souvent ancrée dans un rôle de “demoiselle en détresse” ou bien de “donneur de quête” avec mes différents défis qu’elle peut donner au Héros. C’est un personnage qui est souvent un peu plus en retrait car soit actif dans la quête et devançant Link (comme dans Skyward Sword ou Breath of the Wild), soit comme observatrice aidant le héros en lui donnant des informations (cas de Ocarina of Time dans la période enfant). Dans Wind Waker et Ocarina of Time, elle possède deux alter ego contrastant avec le rôle de “demoiselle en détresse” car dotés tous deux d’une très forte personnalité et de grandes capacités de combat. C’est depuis ces épisodes que Zelda a commencé à prendre part de manière plus active à l’histoire. A titre personnel, je ne peux qu’espérer un opus où Zelda et Link pourraient être ensemble et que la campagne puisse se jouer en coopération entre les deux en exploitant leurs talents spécifiques.
Ganon
Ganon, aussi connu sous le nom de Ganondorf lorsqu’il est sous sa forme humanoïde, est l’antagoniste principal de la série. Il est le détenteur de la Triforce de la Force et s’avère être la réincarnation de Demise à la suite de la malédiction qu’il a infligé aux descendants d’Hylia et du Héros. Lorsqu’il n’a pas sa forme humanoïde, Ganon est un démon en forme de porc, voire sanglier selon les versions, anthropomorphique qui se bat généralement avec une lance ou à mains nues. En tant que Ganondorf, il naît parmi les Gerudo, un peuple de voleurs vivant dans les régions arides d’Hyrule exclusivement composé de femmes. Une fois tous les cent ans, un homme apparaît au sein de leur peuple pour devenir leur roi. Dans la majorité des jeux, son objectif est de s’emparer de la Triforce et il fomente donc généralement l’enlèvement de Zelda et la recherche du Héros en vu de récupérer les deux pièces qui lui manque. Lorsqu’il n’est pas l’antagoniste principal du jeu (parce que banni ou emprisonné dans un autre monde), il est quand même souvent celui qui tire les ficelles et se fait aider par un autre vil personnage pour revenir sur le devant de la scène.
A la différence de Zelda et Link, Ganon est toujours le même personnage. Il est la renaissance de Demise et à l’exception d’un jeu durant lequel il est la réincarnation du Ganon original, il est toujours le même. Les seules différences qu’on peut voir sont par exemple son style de combat qui change ou son apparence. Généralement, sous son apparence humanoïde, Ganondorf est un homme de grande taille (2m30 selon Hyrule Historica) à forte musculature qui possède une peau verte et des cheveux rouges.
Je me permets une petite réflexion personnelle sur ce personnage car malgré son statut d’antagoniste, je trouve qu’on se rend assez vite compte qu’il est en fait lui aussi une victime de Demise. Cette idée s’est de plus en plus développée grâce aux épisodes récents qui ont cherché à se mettre en raccord avec la chronologie officielle, mais on constate qu’il est lui aussi un personnage maudit. Il a été créé par la rage et la haine de Demise et, contrairement à Link et Zelda, a vécu toutes ces défaites progressives ce qui n’a fait que renforcer ce sentiment. Dans Breath of the Wild, il est explicité le fait que Ganon a fini par lâcher toute sa puissance et sa haine dans un immense assaut, laissant tomber l’idée de renaître à nouveau.
Quelques malheureuses errances
Si The Legend of Zelda est une licence souvent reconnue pour les qualités de la série, les aventures épiques qu’elle permet de vivre, la direction artistique avec des paris parfois risqués, ou encore le gameplay toujours adroitement ficelé, hélas elle a eu quelques regrettables erreurs de parcours.
Les jeux CD-i
Beaucoup connaissent l’histoire, mais remettons un peu de contexte. Au début des années 1990, Nintendo voulait développer un périphérique CD pour la SNES et les mésententes entre les différents acteurs ont donné la naissance de la Playstation de Sony. L’autre acteur avec qui Nintendo travaillait sur le sujet était Philips. Le constructeur avait lui aussi récupéré les travaux de console à CD pour lancer son système multimédia faisant aussi office de console de jeux, la Philips CD-i.
A l’époque, Philips avait eu les droits pour utiliser des personnages de Nintendo pour son propre système et trois jeux en découlèrent. Ces trois opus sont considérés comme les pires jeux de la licence Zelda, et ils sont reniés par la chronologie officielle de la série.
- Link : The Faces of Evil, sorti en 1993 était un jeu d’aventure basé sur l’univers et profitant des capacités vidéos de la CD-i pour y ajouter des séquences cinématiques en dessin animé qui étaient une horreur. Le système de jeu était immonde et la difficulté stupidement mal équilibrée. Le jeu se présentait sous la forme d’un plateforme en 2D.
- Zelda : The Wand of Gamelon est sorti en même temps que le précédent. Il avait les mêmes défauts mais présentait un élément innovant pour la série (encore à ce jour), c’est le seul épisode où l’on joue Zelda et qui part sauver Link.
- Zelda’s Adventure est sorti quelques mois après en 1994, comme le précédent épisode il met le joueur dans la peau de Zelda qui part de nouveau sauver Link. Ici, le jeu a changé de moteur graphique et propose des décors issus de photos réelles, vus du dessus comme dans Legend of Zelda, et les scènes cinématiques en dessin animé ont été remplacées par des séquences avec des vrais personnes. C’est tout aussi mauvais. Le jeu avait été pourri également par une direction artistique immonde et des temps de chargement décourageants entre deux écrans.
Le dessin animé
La licence Zelda avait fait l’objet d’un dessin animé américain de 13 épisodes produit par DiC et distribué par Viacom en 1989. Il s’agit là de l’autre tableau honteux présent dans la galerie familiale de la série car le dessin animé ne respectait que très peu la licence. De plus, Link était dépeint comme étant un gros beauf qui faisait ni plus ni moins que du harcèlement sexuel contre Zelda.
L’impact de la licence dans le jeu vidéo
Zelda est une licence à succès et fait partie de celles dont Nintendo fait en sorte de toujours en faire un événement. Elle fait partie des rares séries dont certains opus ont eu des scores parfaits dans le magazine japonais Famitsu. Le jeu Ocarina of Time a également détenu le record du jeu s’étant le mieux vendu lors de sa première semaine. En mars 2021, la licence a vendu en tout plus de 118 millions de copies. Le jeu original est la quatrième meilleure vente de la NES.
La licence Zelda a également inspiré pas mal de créateurs dans le monde du jeu vidéo. Déjà, il s’agit d’une des rares séries à avoir brillamment réussi son passage à la 3D à une époque où d’autres ont complètement échoué. Les réalisateurs des jeux Grand Theft Auto ont été inspirés par des mécaniques de Ocarina of Time pour GTA III. Parmi d’autres noms, les créateurs des jeux Okami, Souls, Shadow of Colossus, ou encore The Witcher III ont fait partie des personnes influencées par la série.
Et après
The Legend of Zelda continue d’être une série prolifique et son prochain opus est attendu pour 2022 avec la suite de Breath of the Wild. En attendant, elle a surtout remis au goût du jour d’anciens épisodes via des remakes HD notamment de Skyward Sword récemment, mais aussi de Link’s Awakening en 2019.
Pour ma part, j’espère que la série continuera de se moderniser et de s’améliorer. Breath of the Wild a donné une nouvelle façon de jouer à Zelda, et la première bande annonce de sa suite semble pas mal améliorer l’idée. Nous verrons bien !
Le prochain article de la série sera consacré aux jeux sortis durant les années 1980 et 1990. Ensuite nous verrons ceux de la première décennie de 2000 pour finir sur 2010 à maintenant. Le dernier article vous proposera un récap avec la chronologie de la série qui a été dévoilée pour la première fois avec le livre Hyrule Historica à l’époque de la sortie de Skyward Sword.