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Le Transperceneige : La bande dessinée

Le Transperceneige : La bande dessinée

Le Transperceneige - La BD

Suite au billet sur la série TV Snowpiercer, et intrigué par l’univers de celle-ci, je m’étais procuré l’intégrale de la bande dessinée originale Le Transperceneige. Le série est basée sur le film de 2003 donc il fallait s’attendre à des différences avec l’oeuvre originale. N’ayant jamais vu ce film je ne l’aborderai pas et comparerai uniquement avec la série TV.

Illustration © Casterman

Le Transperceneige est donc une bande dessinée pré-publiée entre 1982 et 1983 dans la revue “(A Suivre)” puis éditée en album en 1984 par Casterman. Elle a été écrite par Jacques Lob et dessinée par Jean-Marc Rochette. Après le décès de Lob en 1990, c’est le scénariste Benjamin Legrand qui écrit les deux autres albums entre 1999 et 2000, avec toujours Rochette au dessin. Enfin, l’histoire est achevée en 2015 avec l’album Terminus, scénarisé par Olivier Bocquet, puis l’univers complété par deux albums préquelle en 2019 et 2020 intitulés Extinctions, écrits par Matz et Rochette. De nos jours on trouve facilement la série avec un volume appelé “L’intégrale” qui regroupe les 3 premiers albums, puis un volume séparé pour les 3 autres histoires.

La bande dessinée avait été initialement commencée en 1977 avec le trait d’Alexis qui avait dessiné 16 planches. Cette première version du scénario présentait la vie dans les wagons de queue et l’histoire suivait celle d’un groupe qui remonte les wagons. Après le décès soudain d’Alexis et le fait que Le Transperceneige devenait une arlésienne, le projet datant du milieu des années 1970, c’est finalement avec le dessin de Rochette que l’aventure commencera avec un remaniement de l’histoire.

La série se compose donc des albums suivants :

Rien que le premier album du Transperceneige met en place de nombreuses idées qui auront été réutilisées dans la série télévisée. La ségrégation au sein du train est beaucoup plus marquée que dans celle-ci. En effet, si dans la série nous avons la sensation que malgré la discrimination entre les classes de passager, en interne il y a une certaine cohésion et fédération politique, la bande dessinée est tout autre. On y retrouve également un culte religieux de la Sainte Loco qui n’est pas sans rappeler la foi exacerbée envers Wilford. Enfin, l’autocratie et les mensonges sont monnaie courante.

Avec plus d’une décennie d’écart entre le premier et le second album, on constatera que la première suite a ajouté un brin de modernité à son décor. On y retrouve par exemple la réalité virtuelle qui est utilisée comme loisir dans le second train, le Crève-Glace, et une thématique sur le nucléaire dans Terminus. Les deux albums préquelle Extinctions se déroulent quant à eux dans un monde qui nous est contemporain.

Transperceneige c’est à la fois une histoire de survie dans un monde post-apocalyptique dénué de tout espoir, mais aussi un récit écologique sur les possibles conséquences de l’activité humaine sur le climat. En effet, les premiers albums sous entendent cet aspect, et Extinctions présente les causes réelles de cette soudaine ère glacière. La bande dessinée a globalement une ambiance très pesante et chaque nouvel album accentue cette oppression tout en développant son histoire, arrivant à des situations qui semblent impossibles et de crises insurmontables. Terminus est l’album qui conclut l’épopée Transperceneige a s’avère être aussi le seul à glisser une once d’espoir pour les passagers du train… Tout en abordant des sujets encore plus graves que la survie conditions extrêmes. Cet album est probablement celui qui s’est le plus ancré dans les débats de société que nous connaissons aujourd’hui sans pour autant chercher à prendre un parti ou défendre un point de vue. Mais nous aurons l’occasion de développer celui-ci dans l’article qui lui sera dédié. Au passage, c’est le premier à mettre en couleur l’histoire, mais avec des tons très effacés.

Du côté des deux derniers albums préquelle, Extinctions, ceux-ci ont comme principale particularité d’être entièrement colorisés avec des couleurs beaucoup plus vives. Cette mise en couleur est intéressante car on part ainsi dans une préquelle très colorisée pour ensuite avec le trait de l’album Transperceneige original qui était quasi monochrome, ajoutant des dégradés de gris sur les deux suivants pour revenir en couleur sur la fin. Peut-être une façon de monter que la planète reprend peu à peu des couleurs pour retrouver le visage qu’elle avait dans Extinctions.

Le Transperceneige est une bande dessinée qui a été dans l’ère de son temps à chaque période où ses albums sont sortis. Le tout premier reprenait les angoisses des générations d’après guerre en les mettant en image. La suite a repris ces thématiques tout en développant l’aspect politique et les inégalités sociales toujours aussi stratifiées, tout en rajoutant des sujets très contemporains que sont les désastres nucléaires et l’urgence climatique. Le dessin est très inspiré d’éléments réels ce qui accentue parfois sa brutalité et donne un résultat très cru, sans pour autant exagérer la chose. Un récit d’aventure humaine très pessimiste et pesant, ponctué d’un poésie mélancolique, et qui donne envie de réfléchir et que j’ai particulièrement bien apprécié.

A la suite de cette présentation générale, je proposerai une série de 3 billets qui traiteront de L’Intégrale, Terminus, et Extinctions.


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