Le Transperceneige - Extinctions
Le Transperceneige - Extinctions
Extinctions sont les deux derniers albums à ce jour de la série du Transperceneige. Scénarisés par Matz et Jean-Marc Rochette, qui est également toujours au dessin, accompagné de José Villarrubia pour les couleurs, le premier album est sorti en mai 2019 et le second en juin 2020. Il s’agit d’une préquelle racontant comment l’ère glacière a été provoquée et le départ du train.
Illustration © Casterman
A une époque non précisée qui nous est contemporaine, un groupe de braconniers tue deux éléphants ainsi qu’un de leurs petits pour récupérer leurs défenses, malgré l’extinction proche de l’espèce. La nuit, ils sont froidement tués par des membres de l’organisation Wrath, groupe considéré comme éco-terroriste.
Un mois plus tard, l’immeuble du siège social de la compagnie World Global Petroleum & Gaz Corporation est en feu depuis plus de 24 heures. Cet attentat est également revendiqué par Wrath qui bloque les accès aux pompiers. La raison : marées noires et autres pollutions causées par leur négligence et sanctions dérisoires face au préjudice environnemental. Quelques jours plus tard, à Londres, une femme assassine le président de l’entreprise.
En plus de ses actes unitaires, le mouvement écologiste n’a plus qu’un seul objectif radical en tête : accélérer l’extinction de l’humanité pour que la planète puisse se régénérer.
La société humaine est une poudrière qui ne demande qu’à prendre feu. Les riches et puissants ont déjà fait construire, voire investi, leurs abris et autres bunkers en prévision d’une apocalypse. Parmi d’autres voix qui s’élèvent, le milliardaire chinois Zheng, à la tête d’un puissant empire industriel, propose un programme de survie basé sur la mobilité en créant une sélection ouverte à tous pour obtenir un titre de transport pour son projet de train autonome à mouvement perpétuel révolutionnaire.
Extinctions ne fait pas dans la dentelle. La bande dessinée débute avec un préface disant : “La Terre est ravagée par un mal qui semble incurable : l’humanité”. Voilà, le contexte est posé. Le premier volume retrace ainsi deux histoires parallèles sur la mise en oeuvre du projet Transperceneige de Zheng ainsi que celui de Marcio, le leader du groupe Wrath mettant sa fortune au service de sa cause, qui compte bien mettre un terme à l’humanité. Comme son titre l’indique, Extinctions traite bien de l’extinction de masse en ponctuant son récit avec les exemples de l’impact de l’Homme sur son environnement, la disparition d’espèces animales, ou encore la destruction d’écosystème.
Le second volume d’Extinctions se déroule après le cataclysme. Wrath a mis en exécution son plan et à déclenché un hiver nucléaire planétaire. La tournure de la trame entourant le groupe éco-terroriste a cependant une direction différente. Reclus dans un abris pour voir la Terre se régénérer, l’effet huit-clôt arrive rapidement. Du côté du Transperceneige, et malgré l’utopisme de Zheng qui est un personnage philantropique et idéaliste, les tensions s’accumulent. Chaque arrêt du train pour collecter ses heureux élus est ponctué d’incidents à cause de tous ceux qui veulent monter en plus. D’autres arrêts sont affreusement silencieux car il n’y a plus aucune personne en vie dans la région à cause du froid, au point que l’idée de terminer la tournée pour embarquer les derniers passagers est régulièrement évoquée. Surtout que le train commence à être surpeuplé. A côté de cela, nous suivons également l’aventure d’un père et de son fils nord-américains qui ont réussi à obtenir le précieux sésame pour le train. Cependant, en raison des difficultés pour circuler et faire son chemin, le Transperceneige est contraint de changer les lieux de rendez-vous. La BD remet ainsi sa casquette survivaliste dans un monde devenu horriblement hostile.
Extinctions est donc un récit très cru sur la folie humaine et son incapacité à respecter ce qui est pourtant précieux. Le train est au final une métaphore de notre parcours qu’on considère comme bien tracé mais qui peut pourtant dérailler à tout moment. Une histoire utilisant différentes thématiques fortement appuyées sans pour autant être caricaturales, qui donne une base de réflexion sur comment s’améliorer pour éviter la catastrophe. De ce fait, j’ai trouvé le traitement des sujets relativement équilibrés, sachant être durs quand il faut appuyer pour accentuer l’importance de ceux-ci, sans pour autant sombrer dans le discours caricatural qui deviendrait de ce fait inaudible.