Le Transperceneige - Terminus
Le Transperceneige - Terminus
Illustration © Casterman
Terminus est le quatrième album de la série Transperceneige. Ecrit par Olivier Bocquet et toujours dessiné par Jean-Marc Rochette, il a été édité en octobre 2015. Continuant dans le même style graphique que les deux précédents opus, il ajoute cependant une touche de couleurs très effacées, comme si l’ère glacière était en train de s’apaiser. Terminus reprend directement là où La Traversée s’est arrêtée.
Le signal radio suivi dans la douleur par le Crève-Glace a été le coup de grâce pour ses passagers. Il n’y a rien, personne, et en raison de la famine et du froid qui empirent, la situation à bord du train est désormais intenable. Les passagers élisent alors Laura Lewis comme nouvel dirigeante, reprenant ce qui se faisait dans l’ancien monde, la démocratie, pour renverser le Conseil autocratique avec un Coup d’Etat.
Puig et son équipe sont toujours en train d’explorer l’installation car malgré l’apparent fiasco, une once d’espoir reste là. Si la station continue d’émettre, c’est qu’il y a de l’énergie produite, et donc que l’endroit est potentiellement habitable. Descendant de plus en plus profond, les Arpenteurs découvrent les ruines d’une cité et se frayent un chemin en rappel le long d’un immeuble au sommet duquel se situait la station radio. Le signal avec le Crève-Glace devenant de plus en plus faible, Val fait sortir tout le monde dans la salle de communication de train pour avoir un échange privé avec son maris. Elle est enceinte. A ce moment là, les révolutionnaires dirigés par Lewis débarquent et arrêtent tous les membres du Conseil.
Découvrant une gare en bas, Puig demandera à activer les lasers de déneigement du train pour creuser dans la glace. Le Crève-Glace s’enfoncera dans l’ancienne gare, mais sera beaucoup trop endommagé pour aller plus loin. Puig sera alors arrêté par Lewis et jeté en prison dans un tiroir en attendant un procès. Pendant ce temps, les passagers explorent peu à peu leur nouvel espace. Soudainement, des équipes seront enlevées par des hommes vêtus de combinaisons et d’un casque en forme de tête de souris. Contre toute attente, leurs ravisseurs les soigneront et les décontamineront. Leurs hôtes se présenteront alors aux passagers du Crève-Glace pour leur offrir gîte et couvert en échange de leur main d’oeuvre pour entretenir les lieux, un ancien par d’attraction sur le thème “Future Land” adossé à un laboratoire d’expérimentations.
Terminus enchaîne l’histoire et continue de creuser dans des thèmes toujours plus difficiles et qui sont très en raccord avec des débats de société contemporains. Sans trop spoiler l’histoire, l’un des éléments centraux réside dans le fait que le parc est construit en dessous d’une ancienne centrale nucléaire encore en activité. Centrale qui a été endommagée par un tremblement de terre et libère de la radioactivité dans la zone, entraînant les conséquences que l’on peut imaginer. L’album traite également d’autres sujets qui soulèvent de houleux débats dans les diverses communautés telle que l’étude et l’utilisation de cellules souches, l’expérimentation humaine ou encore le clonage.
Ainsi, l’histoire joue sur les deux facettes avec l’apparente communauté bienveillante qui accepte les étrangers, mais uniquement si ceux-ci se plient à leurs règles. Les lois de la communauté des souris sont appliquées d’une main de fer et il n’est pas rare d’y voir une exécution sommaire en cas de transgression. La société des souris est fondée sur le travail pour obtenir quelque chose. Les soins et fournitures qu’ils ont donné aux passagers du Crève-Glace sont en réalité une dette envers eux, signée sans le savoir car profitant de l’euphorie des passagers après des années de désespoir. En complément de ces sujets, l’album introduit donc le retour de la démocratie avec l’élection d’une représentante du peuple. Le concept de démocratie avait totalement disparu de la tête des passagers du Crève-Glace, les connaissances de l’ancien monde étant très faibles pour beaucoup. Cependant, le déroulement de l’histoire montrera que rien n’est une solution miracle, et les vieux démons autoritaristes rôdent toujours.
Esthétiquement, comme dit plus haut, Terminus se colorise timidement tout en gardant le trait des deux précédents albums. De nombreux éléments sont inspirés de faits et d’images réelles ce qui vient renforcer la narration. Par exemple, les dégâts provoqués par la centrale nucléaire endommagée sont directement inspirés du désastre de Tchernobyl ou encore de la catastrophe de Fukushima.
Terminus est donc le premier album de la série du Transperceneige qui décide d’apporter une once d’espoir à ses personnages, mais aussi la conclusion à l’aventure. Malgré l’habituelle noirceur de l’histoire et la dureté des sujets qu’il traite, il parvient à extirper une issue positive à la série tout en maintenant sa mélancolie ambiante et sa vision pessimiste quant à la capacité de l’Homme à pouvoir respecter son environnement. Le sujet se développera bien plus dans les deux albums préquelle Extinctions.