UBPorts, Ubuntu sur smartphone
UBPorts, Ubuntu sur smartphone
Dans la continuité de mes tests de différentes distributions disponibles que le Pinephone, j’ai enchaîné récemment avec UBPorts, le descendant d’Ubuntu Touch.
Ubuntu Touch c’était pour moi une histoire ancienne, après l’avoir suivi avec la campagne de financement participatif que Canonical avait lancée (et qui n’était pas arrivée à terme) pour la création d’un smartphone aux spécifications hyper ambitieuses, je m’amusais à tester les builds du système via l’émulateur que Canonical proposait. Enfin, je m’étais acheté la tablette BQ Aquaris M10 vendue avec Ubuntu Touch installé en natif pour avoir une découverte en conditions réelles. C’est une aventure qui remonte à bientôt une décennie il faut dire. En 2011, le fondateur d’Ubuntu Mark Shuttleworth avait annoncé qu’Ubuntu 14.04 sera disponible sur smartphones, tablettes, smart-TVs, et autres appareils du genre. L’objectif était que la distribution sache s’adapter au hardware sur lequel elle sera installée, ce qui était appelé la “convergence”. La première version d’Ubuntu Touch est sortie en 2013 en “Developer Preview”. Le système supportait à l’époque les smartphones Galaxy Nexus et Nexus de Google et des images pour d’autres modèles faisaient leur apparition. Pour faciliter l’intégration hardware, Ubuntu Touch reposait sur les couches basses du kernel Android et les couches plus hautes du système étaient basées sur Ubuntu. Plusieurs appareils natifs sont sortis avec Ubuntu Touch préinstallés. Hélas, Canonical a mis fin à son projet en 2017 en annonçant l’arrêt du développement faute d’intérêt du marché.
Pensant le système mort et enterré, j’ai finalement redécouvert son existence grâce à la reprise du projet qui avait été fait par la fondation UBPorts, née en 2015 et ayant évolué en parallèle d’Ubuntu Touch.
Des différents systèmes que j’ai testé sur le Pinephone, Ubuntu Touch est à mes yeux celui dont l’interface utilisateur est la plus aboutie pour du mobile. Les codes de celle-ci ont été écrits par Canonical au début et j’avais déjà trouvé à l’époque le paradigme très efficace. Il se présente de la façon suivante :
- Une barre de notifications / accès rapides en haut, qui se développe par glissement du bord haut vers le bas
- Une barre avec un bouton “Home” et une liste d’accès rapides à des applis qui apparaît par glissement du bord gauche vers la droite
- Les applications ouvertes peuvent défiler via un glissement du bord droit vers la gauche. Un glissement plus lent montre toutes les applications en cours et permet de les fermer
- Selon les applications, le bord bas permet d’ouvrir un outil complémentaire (comme la liste des onglets du navigateur web) ou des fonctions avancées du clavier.
- L’écran de verrouillage propose diverses informations d’activité ou notifications
Ci après une vidéo montrant les manipulations pour naviguer dans le système.
L’autre principal atout d’Ubuntu Touch était le mode Convergence. Lorsqu’un clavier et une souris USB sont branchés à l’appareil, celui-ci bascule en mode Desktop et propose donc la même expérience que sur un PC. La tablette BQ avait en pré-installée des applis Desktop comme GIMP ou Firefox justement, permettant de démonter immédiatement le concept. Sur ce point, j’ai constaté que le dock du Pinephone n’est pas reconnu, il ne fonctionne pas du tout. L’un des autres attraits qu’Ubuntu Touch avait, c’était pour compenser l’absence des applications des grandes plateformes du Web sur le système. Celui-ci avait une approchée basée sur les langages Web pour intégrer à son interface utilisateur est services en ligne. Je pense que c’était trop en avance sur son temps, car de nos jours plusieurs services en ligne s’installent désormais ainsi sur les smartphones (cf les Progressive Web App). FirefoxOS s’était aussi embarqué dans ce principe pour ses applications.
Du côté des bases techniques, Ubuntu Touch s’est depuis détaché d’Android. L’image du Pinephone est basée sur le Kernel Linux là où les autres versions restent liées à Android. J’ai par contre eu l’impression de me sentir plus limité que sur Manjaro ou PostmarketOS. Le terminal ne permet pas forcément d’accéder à tout et une partie du système est en lecture seule. Le gestionnaire de paquets apt
ne fonctionne pas nativement à cause de ça (il me semble qu’il y a une manip pour bascule le FS en read/write) et il semble donc qu’on soit limité au store applicatif. Sur ce point, il est plutôt pas mal fourni avec pas mal de clones des applications Android/iOS des plateformes du Web les plus fréquentées, mais aussi de nombreux outils, utilitaires, jeux, et autres à disposition. Les différents outils natifs sont plutôt bien intégrés avec le système et ceux-ci proposent les basiques pour un usage du quotidien : navigateur web, agenda, contacts, synchronisations avec des services en lignes, etc.
Néanmoins, après avoir un peu expérimenté le système, je n’adhère pas trop après avoir essayé PostmarketOS ou Mandjaro. UBPorts promet la liberté, mais je me sens bridé comme sur un système Android. Je n’ai pas l’impression d’avoir toutes les cartes en main pour jouer avec mon appareil comme j’en ai envie. Peut être que je n’ai pas été assez loin, c’est aussi fort possible. Le premier truc que j’essaye à chaque fois, c’est d’activer le serveur ssh pour prendre le smartphone à distance par ce moyen. Sur Mandjaro et PostmarketOS j’ai pu activer le service immédiatement dans le terminal. Sur Ubuntu Touch, je n’ai pas réussi à l’installer ou à le démarrer. Il faudrait que j’approfondisse un peu, mais lorsqu’un élément aussi trivial me paraît compliqué à faire, je me sens un peu déconcerté.
Si je devais faire une conclusion sur ces différentes expériences, ce serait la suivante : j’adorerais avoir l’interface graphique d’Ubuntu Touch sur PostmarketOS. La première est à mes yeux excellente et très fonctionnelle, tandis que le second brille par sa légèreté et réactivité. Et si j’en crois cette issue du repo de PostmarketOS, c’est envisageable. Affaire à suivre !